Je m’installe dans la classe et le supplice commence, la maîtresse regarde ses élèves et cherche la victime.
Je baisse la tête, détourne les yeux, même mes cheveux, je deviens transparent tel un caméléon scolaire priant pour disparaître.
L’enseignante prend le cahier d’appel et commence à le scruter, elle hésite… « oh c’est pas bon ça, c’est pas bon ». Avec mon nom de famille en plein milieu, je sais qu’elle n’opte jamais pour les premiers ou les derniers de la liste.
Puis armée de son stylo tel un pendule au-dessus du cahier d’appel, son doigt prolongé virevolte sur les patronymes alors que mon voeu est de rester anonyme.
Mon dos et mes épaules s’enfoncent encore plus séant dans ma chaise en bois qui se met à grincer telle une trahison… mon ventre va exploser.
Et puis, le verdict tombe, ça sera mon voisin de table. Ouf de soulagement en mon corps.
Je me dis, ouah aujourd’hui, j’ai du bol, j’ai vraiment de la chance ! Jusqu’au moment où mon voisin de table se fracasse le nez sur un cartable mal rangé en se rendant au tableau.
Un point pour ce mouchoir de sang – zéro pour mon voisin de table, KO dès le premier coup.
Une fois soigné, la maîtresse reprend son rituel maléfique. Elle cherche un suivant au suivant… Espérons que ça ne sera pas mon tour pour que mon mal de ventre ne remonte pas jusqu’au cou…
« Dring ! », « Dring !!! », « Dring ! »
Yes ! Sauvé par la cloche, 15 minutes de liberté décrêtées par notre vieille horloge de l’école.
Je me précipite hors la classe avec mon manteau dans une main et le goûter dans l’autre et en avant pour la récré ! L’Ecole ne devrait être que le lieu des amitiés gratuites, des amours platoniques et des libertés essentielles et surtout : un lieu sans tableau noir.
Laïus