C’était vraiment un moment bizarre pour un dimanche à la campagne. Il fallait dire que j’avais l’oeil sur ce premier jour d’avril.
Déterrer ce que je venais d’enterrer ; la poisse ! Action inutile digne d’un poisson d’avril. En plus de me sentir stupide, j’avais le plus grand mal à faire ressortir de terre ce petit coffre. A l’aide de l’entre-toise posé sur les fermoirs d’argent, je la serrai pour que cet ouvrage en bois massif ressorte de son trou. Au royaume des farfelus, j’étais certainement le plus idiot. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Pourquoi avais-je dit oui ? Cette situation était en train de se refermer sur moi.
En tant que brocanteur, je savais que ce coffret en forme de sphère était bien un meuble d’exception. Il sentait encore le parfum de ce qu’il contenait.
Heureusement que ce meuble ne pouvait point parler, je n’avais pas besoin de commérages sur son propos colportés par des pipelettes ou les concierges de bas étage.
Je devais vite trouver une nouvelle solution pour mettre en oeuvre mon sabotage.
Dérober le trésor tout entier à la vue de tous étant devenu impossible, je n’en cacherai que la moitié, mais comment ?
Trouver un endroit secret, une armoire ? Un bas de laine ? Entre deux pierres du ruisseau, dans ma valise sous le lit… Bref, une cachette qui ne dévoilerait pas mon jeu.
A l’heure où la lune rentre dans sa tanière, je décidai de cacher le contenu de la caissette en un lieu mystère, tant que mon action resterait inconnue, mes pensées seraient couvertes. Mais il me restait un problème, un problème de taille. La présence de ma douce qui avait développée ce 6ème sens : l’art de débusquer toute tromperie !
Laïus