Le streaming vidéo en musique : une invitation pour chaque fan à entrer dans l’interprétation intime de l’artiste.
Le streaming vidéo est une invitation pour chaque fan à mieux comprendre l’univers de l’artiste grâce aux prouesses de l’audiovisuel de manière simple et pratique ; son et image s’entremêlant.
C’est aussi une performance en direct pour l’artiste tel un comédien sur scène se posant deux questions : celle du jeu d’acteur puisqu’il est filmé par une caméra et celle de son statut de musicien devant maîtriser ses morceaux sur le bout des doigts. Le public attend une prestation de qualité. Il faut que la proposition artistique soit forte pour séduire.
« Un roman, c’est un récit qui se fait monde. Un film, c’est un monde qui se fait récit »
Jean Mitry cité dans Le subjectif de l’objectif , François NINEY, 2014
L’artiste doit donc être l’aise avec ses chansons et les aléas du « cinéma » comme le maquillage tissant le lien entre la personne et son personnage d’artiste et le regard vers la caméra.
Bref, tout doit être prêt le jour ‘j’. Cela demande un réel travail de préparation de la part de l’artiste et de son équipe. A ce titre, des répétitions devant la caméra sont nécessaires pour bien comprendre la nature de ce qui va être capté à l’image et s’assurer de la qualité de l’enregistrement audio dans la console-son.
Les premières questions à se poser
Il est important de savoir que selon l’étude du CNM, ce sont le hasard et la curiosité qui sont les premiers déclencheurs de la consommation de livestream musical par le public.
Le mode de découverte du principe du livestream est le plus souvent le fruit du hasard, pour 37 % des consommateurs, suivi par l’influence des proches (30 %), ainsi que des artistes eux-mêmes (28 % par des recherches sur l’artiste, 27 % par l’intermédiaire d’une de ses publications sur les réseaux sociaux, ou 23 % sur des comptes de fans, avec des taux encore plus importants auprès des spectateurs réguliers de concerts de musique).
Concernant la publicité et les médias spécialisés, ils jouent un rôle moindre dans la découverte du livestream musical (respectivement 21 % et 10 %).
Livestream et acoustique
Le concert filmé en ligne pose aussi la question du lieu de captation. La musique interroge l’acoustique. On doit réussir à faire entendre à l’auditeur cette réverbération naturelle même derrière un écran d’ordinateur. Mais comment s’y prendre si on utilise des micros de proximité pour capter du chant ? Comment permettre à l’artiste d’être libre de ses mouvements tout en conservant un son de qualité ? Est-ce que le lieu sera accessible gratuitement ou pas ?
L’acoustique a une force extrêmement puissante. Un musicien qui joue dans une chambre ne me procurera pas la même émotion que si il joue dans un hangar. En effet, un temps de réverbération élevé produira une sensation de solitude, voire de perdition. Ce sentiment se retrouve très bien dans le cas d’une personne hurlant au milieu des montagnes.
Chaque lieu renvoie à une acoustique ; à une émotion. Idem pour la lumière qui doit aller chercher l’artiste pour lui-même et non pour éclairer le décor. En saisir le regard.
Pour éviter un trou au centre du spectre sonore quand on filme, il faudra aussi penser au canal central avec un microphone un peu plus distant. Cela pose vite le problème de la prise de son et de la difficulté à avoir un système de captation compact invisible aux yeux des spectateurs tout en respectant la limite du bord de cadre définie par le caméraman.
Après, le côté « imparfait » de la prise de son amène aussi de la vie à l’image. En fait, la prise de son doit tenir compte de la distance que l’on souhaite installer entre le spectateur et son artiste. C’est un point de vue auditif.
Parfois, le parti pris de la prise de son est d’être distant en utilisant seulement un couple de micros XY sur un enregistreur portable. Le résultat de ce dispositif sera juste par rapport à une vidéo où l’on souhaite faire apprécier le fond : un artiste reconnu chante en tout simplicité dans un endroit inattendu.
Puis, se pose la question de la prise en compte la dynamique dans la voix chantée oscillant entre 40dB et 130dB lors de l’enregistrement avec le choix des micros et de l’enregistreur adéquat.
A quoi ça sert de steamer un concert en vidéo ?
Cela permet de tisser progressivement une relation directe entre l’artiste et son public et de se constituer ainsi une base-fans. Pour avoir un rendu le plus naturel possible, il est intéressant d’opter pour un dispositif technique de captation de type « invisible » (audio et vidéo). Comme on ne voit pas la caméra dans un film, on ne doit pas voir le micro lors d’un concert. En tout cas, c’est mon parti pris dans mon dispositif.
Pour voir, ce que cela donne, il est possible de visionner mon tout premier livestream musical en vidéo > ici.
Le concert filmé en ligne est devenu un nouveau format audiovisuel et numérique reconnu en 2022.
Mais attention, la musique répond à des modes d’écriture très précis comme une séquence d’images au cinéma. Le tempo devra être calé entre deux plans pour que le montage soit possible sinon, il faudra privilégier le plan séquence lors de la captation vidéo (avec une ou plusieurs caméras). C’est pour cela que le livestream que je vais proposé se fera en direct-live sans montage post-production. Cela garantira l’aspect authentique et évitera tout désagrément de raccords plus tard.
« Sur une prise de son filmée, il est très difficile de faire raccorder une prise avec une autre, car les micros fluctuations entre chaque prises rendent les raccords très compliqués. Si sur une prise, les musiciens jouent à 100 bpm et que sur la prise d’après ils jouent à 105 bpm, il faudra ralentir de 5 bpm la deuxième prise pour qu’elle raccorde avec la première. »
Sacha Mikoff, mémoire de fin d’études à la FEMIS, département son, 2020.
Alors, que permet vraiment le livestreaming vidéo dans le secteur des concerts en ligne ? A quoi faut-il penser quand on souhaite présenter ses chansons dans un cadre hors playback ? Quelle plus value par rapport à un concert pré-enregistré pour le spectateur ?
Commençons par estimer le coût pour monter un livestreaming musical vidéo ?
La mise en place d’un concert virtuel demande de la part de l’artiste un réel investissement et une visée claire du concert souhaité en termes d’ambiance. Il ne faut pas forcément chercher une perfection mais belle et bien une émotion ; la technique devant être au service de l’artistique. Cela pose donc le choix du workflow pour qu’il soit pratique, le moins cher possible et facilitant les échanges de données et métadonnées entre ceux qui le mettent en place.
Cette approche quasi audiovisuelle nécessite du matériel technique et de nombreux essais en amont (heures passées en préparation, en lecture et en formation « Nüagency » ou « MusicienDIY« ). Mais, c’est aussi une nouvelle manière d’amener de la musique dans les foyers à ne pas négliger.
Le concert en ligne filmé réduit les distances et toute personne ayant une connexion Internet peut le rejoindre afin de passer un moment de partage autour de chansons qu’elle apprécie.
Bien sûr, cette mise en place à un coût financier. Les prix de réalisation varient en fonction de qui fait quoi et de la qualité de la captation qu’on souhaite obtenir en tant qu’artiste pour son public. Cela peut aller de quelques euros à plusieurs milliers. Cela dépend du nombre de caméras, mais aussi du statut et du nombre de personnes qui nous aident : amis, bénévoles, professionnels…
Le fait d’avoir une petite équipe autour de soi pour démarrer est un réel plus. Cela peut être simplement un voisin, un autre ami passionné de musique, un membre de sa famille…
Si on veut que notre prestation technique soit de bonne qualité, cela nécessite qu’elle soit assez rapidement payante pour que les auteurs, compositeurs, interprètes, techniciens, promoteurs, administratifs… soient rémunérés et puissent continuer d’assurer ce type de prestation dans la durée. En fait, cela va dépendre du coût-opportunité. Il faut qu’au final, tout le monde y gagne.
Si on reste sur des petits concerts en ligne, un dimanche de temps en temps, nos concerts filmés peuvent rester gratuits et être plus courts (30 minutes). Ils serviront dans ce cas à notre promotion d’artiste et à faire connaître notre chaîne artiste sur YouTube, BandCamp ou la boutique en ligne du distributeur musical.
On est dans ce cadre dans une action mesurée entre nos rêves d’artiste, la réalisation que cela engendre et ce que cette approche rapporte vraiment : notoriété ? vente d’album ?
Cette interactivité se fait d’autant mieux qu’on chante au creux de l’oreille du spectateur. Si l’on veut proposer un concert immersif au moins visuellement, tout ce qui relève de la vue technique peut brouiller le message comme la vue d’un micro juste devant le visage.
Avoir recours à des micros HF peut être une configuration intéressante à tester pour l’artiste. Ou bien expérimenter un système de micros-perches et d’appoints micros conjoints. Ce qui pose problème, c’est la vue des câbles d’où l’idée du HF qui permet de sentir l’artiste en action sans rappel des contraintes techniques au spectateur.
Ainsi, apparaît une diversité de matériel à avoir (à dissimuler), de mise en scène à penser (avec une intention artistique) et de modèles économiques à jauger (quelle rentabilité ?), à mi-chemin entre les logiques de la production audiovisuelle (cession de droits de diffusion), du spectacle vivant (ventes de billets ou de spectacles) et de la production phonographique (monétisation du streaming).
Enfin, le coût variera en fonction du matériel que vous avez déjà et de votre niveau de maîtrise des outils et usages autour du numérique. Me concernant, il m’a fallu un an pour tout mettre en place.
Est-ce qu’il y a une réelle attente pour des concerts captés et diffusés directement en ligne ?
Les avis divergent sur ce dispositif de la part des professionnels. Mais de mon point de vue, la réponse est positive. Suffit de prendre appui sur les marchés plus anciens de l’audio du livre pour connaître la tendance commerciale à venir. Le fait que cela soit en ligne via Internet ne pose plus de problème. Les concerts hors ligne et en ligne peuvent se conjuguer pour se compléter dans le cadre d’une tournée.
Il y a une réelle attente du public pour la musique dématérialisée en vidéo. Cela est déjà le cas pour le streaming audio avec des plateformes telles que Spotify, Apple Music et Deezer.
Certains publics n’aiment pas être dans un endroit clos, être mélangé à la foule ou craignent tout simplement des volumes sonores élevés pour leurs oreilles. De plus, le prix d’un billet livestream est souvent bien moins cher qu’un billet de concert physique et ce, sans frais de déplacements. Enfin, il y a les publics dits « empêchés » liés à leur lieu de vie (éloignement) ou leur état de santé (hôpital, handicap…).
Il est à souligner que le livestream peut être une action de lutte contre le changement climatique et ré-interroge le modèle traditionnel de tournée qui carbone notre planète.
Ainsi, même si on est encore à l’époque du far-west, cette nouvelle scène virtuelle est en train de se structurer. Le livestream musical va devenir un dispositif clé dès 2023, comme pour les podcasts et les livres audios qui sont devenus des contenus incontournables auprès du public depuis 2018.
33% des français écoutent des podcasts en 2022 alors qu’ils étaient que 23% en 2019.
Etude de Havas paris et CSA research.
S’engager dans un concert capté en livestream ?
En tant qu’artiste-chansonnier, le concert virtuel nécessite de réels efforts de notre part car l’enregistrement audio et vidéo ne pardonne aucune erreur. La maîtrise de notre set, du son, le choix de la tenue, le décor et sa lumière, le ton, la durée et le grain de l’image doivent être réglés au millimètre. Pour cela, il faut accepter de se former afin d’être à l’aise avec un logiciel comme OBS Studio et Studio One et lire des ouvrages sur ces sujets.
Le fait de faire une captation en directe nous oblige à réfléchir et à choisir une ligne éditoriale. Est-ce qu’on vise un public plutôt familial, un public engagé, un public jeune enfant… Bref, quel message souhaite-t-on faire passer au cours de ce concert ?
Et si le streaming vidéo ne permet pas de reproduire totalement le frisson d’un « vrai » concert, il possède des atouts spécifiques re-dessinant les frontières de l’industrie musicale qui ne sont pas à négliger comme l’interactivité. Cette possibilité de discuter avec d’autres internautes pendant le suivi en ligne du concert ou de l’écouter directement au casque audio (en mode son immersif).
Le livestream permet de réaliser une proposition artistique innovante intégrant les nouvelles technologies reproduisant ou « augmentant » le spectacle physique du point de vue de la captation et de la diffusion (choix de l’angle de visionnage, réalité augmentée, son binaural, métavers, etc.), mais également dans le contenu du spectacle en lui-même (création d’avatars en images de synthèse, reproduction de décors par exemple). Les avancées technologiques permettent par ailleurs d’imaginer la démocratisation de certaines pratiques comme l’hologramme ou la réalité virtuelle.
Rapport d’étude ARCOM et CNM, juin 2002, page 22
Le streaming vidéo, un marché prometteur dans l’industrie musicale ?
Le streaming est un marché naissant sans limite géographique (pas de visa), d’âge (12 ans) voire d’horaires (archivage) ouvrant de nouvelles terres à conquérir avec l’aide du numérique. De nouvelles créations sont possibles surtout avec la miniaturisation du matériel dont les micros et les caméras. La prise de son se rapproche de plus en plus de la proximité que de l’acoustique et les ordinateurs sont de plus en plus puissants.
Ce secteur en croissance permet de toucher de nouvelles audiences comme cela a été le cas dans le monde du podcast audio. Attention, les offres des plateformes de streaming sont plurielles avec des fonctionnalités différentes. A bien comparer. Pour le moment, YouTube et BandCamp sont les deux plateformes les plus intéressantes en streaming vidéo. Il y a également Twitch.
YouTube permet de gagner en notoriété et BandCamp de vendre du Merchandising. Après, on sait que les plateformes se copient les unes, les autres et évoluent rapidement.
Il est possible de suivre cette évolution grâce à la veille de qualité que réalise le Centre National de Musique > Le livestream : enjeux et pratique du live.
Quel est le problème des plateformes de diffusion permettant le streaming en vidéo ?
YouTube, Twitch, Facebook, Instagram… permettent de diffuser en direct un concert filmé dans les pays où les infrastructures réseaux de communication sont solides.
Mais, est-ce que ces plateformes informent l’ensemble des ayants droits des titres et chansons joués ? La réponse est « non » même si la description contient les bonnes métadonnées des oeuvres jouées. Il faut donc bien enregistrer les métadonnées et les communiquer aux bonnes structures comme la SACEM.
Attention, ces métadonnées ne renvoient pas au seul champ informatique. C’est aussi une façon pour les instances musicales de pouvoir suivre l’oeuvre et de savoir qui à fait quoi.
Ainsi, se pose la question des standards technologiques de tracking pour garantir une meilleure répartition des droits avec en toile de fond les enjeux liés à la technologie de la blockchain.
Comment gérer la partie visuelle du streaming musical en tant qu’artiste ?
Le temps non passé sur la route peut être réinvesti dans la préparation du concert capté en ligne pour garantir sa qualité. Est-ce que l’artiste est déjà en place ? Est-ce qu’il arrive devant la caméra ? Est-ce qu’il a un costume ou non ? Est-ce qu’une vidéo de lancement assure la présentation du concert streamé ? Dans la perspective d’Epstein (années vingt), est-ce que l’éclat du sujet est bien restitué par le regard qu’exerce la caméra ?
« C’est un mystère la photogénie, un vrai mystère. C’est une répartition de la lumière sur le visage, c’est des lignes, c’est évidemment quelque chose qui se passe avec le regard. C’est un travail technique de voir quelles hauteurs, quels objectifs rendent le mieux compte d’un visage »
Interrogée à ce propos par Michel Ciment dans son émission « Projection Privée », Caroline Champetier reste hésitante car il n’y a pas de réponse définitive à cette question (Émission Projection Privée, France Culture, 01/02/2014, en ligne).
Le passage d’un concert sur un simple écran demande donc de nombreuses réflexions dont une très importante sur le cadrage de la caméra (une ou plusieurs), le décor, la place de la fenêtre en intérieur, la narration proposée, les tonalités de lumière, la qualité du son, les solutions informatiques choisies (stabilité, compatibilité), etc.
Bref, il y a une réflexion à conduire sur l’esthétique visuelle du concert qui va être proposé en ligne et le récit qu’on y développe auprès des spectateurs. Quelle va être la valeur ajoutée pour notre public lors de ce moment ? Quelle incarnation pour l’artiste ?
« Les images s’ouvrent et se ferment comme nos corps qui les regardent. Comme nos paupières quand elles clignent pour mieux voir, ici ou là, ce que les images s’ouvriraient ou se refermeraient à nos sens. »
George Didi-Huberman, L’image ouverte, motifs de l’incarnation dans les arts visuels, p. 25.
La réflexion pourrait même être pousser jusqu’à la création d’une « image de marque artiste ». En effet, aujourd’hui, le fichier audio ne se vend plus vraiment sans image que cela soit pour une pochette de single ou en vidéo. C’est à cela que répond le livestream musical capté. Le besoin de coller son et images dans le même tempo au bénéfice des fans.
Quelles compétences pour capter un livestream vidéo musical ?
Les compétences mobilisées lors d’un livestream musical sont : la maîtrise de la lumière (éclairage), le son (console) ainsi que la vidéo (caméra et flux). On peut y ajouter le décor qui doit être en adéquation avec notre message. Et enfin, des qualités d’infographiste pour actualiser les bandeaux des réseaux Internets, les overlays sur OBS et autres calques en amont de la diffusion sur Internet. Avertir ces fans par e-mail, via une newsletter peut être un plus par exemple.
Il y a donc un réel investissement de départ ne serait-ce qu’au niveau de l’installation de la fibre, de l’ordinateur, de la caméra et de la console-son. Bien penser aussi aux actes administratifs associés et à la dimension « programmation » des livestreams ainsi qu’aux actions de promotion pour le faire connaître.
Sur le plan purement de la caméra, le choix de sa place et de sa hauteur, la valeur de cadre choisie et la mise en mouvement ou la fixité sont autant de paramètres à penser en amont car ils soulignent une intention de mise en scène ; elle doit être volontaire.
Attention, certaines caméras peuvent vous montrer penché, bien faire faire des tests en enregistrant en mode privé juste quelques minutes pour voir ce que cela donne vraiment à l’écran pour celui qui va regarder de chez lui. Qu’on n’est pas l’impression que l’artiste soit de travers sur sa chaise.
Du point de vue de la tribu, cette nouvelle expérience lui donne accès à un concert au « prix contenu » qu’elle va pouvoir partager avec toute sa famille ou amis même s’ils sont 8 au domicile à le regarder ! Le bouche à oreilles fonctionnant à plein sur ce type d’événements. Mais, la dimension prix n’est pas première ; ce qui va compter le plus pour un fan est le message qu’on va porter et l’ambiance dans lequel on le diffuse. Est-ce que le son qu’on entend vient bien de l’intérieur du cadre ou pas ? Cela va jouer sur l’expérience utilisateur et l’ambiance créée.
Concernant cette atmosphère, elle peut aussi passer par l’arrière-plan du livestream. Une partie du décor peut avoir été créée pour l’occasion par les soins de l’artiste ou son environnement pro autour d’accessoires tels que des bougies, un comptoir, un gobo… afin de créer une atmosphère plus intimiste. Cela contribue à la bonne relation Fans-Artiste. Ou bien, au contraire, leurs faire découvrir un lieu unique en extérieur que nous aimons particulièrement lors de ce livestream (une abbaye, une vue panoramique…). Il est aussi possible d’associer à ce livestream des invités surprises ou bien de jouer des chansons plus rares pour pimenter le concert en ligne.
Quels sont les objectifs d’une captation en livestream musical ?
L’objectif est le même pour nous que pour l’entourage pro : offrir une expérience musicale de qualité aux fans et commencer à éditorialiser les œuvres jouées afin de monter un catalogue solide (patrimoine). Il faudra aussi réfléchir à la fréquence des livestreams sans tuer la rareté. Comment s’y prendre ?
Par exemple, on peut proposer un accès exclusif aux coulisses de l’émission tout du long ou un accès à un lieu interdit habituellement.
Cette nouvelle « approche en vidéo » est donc pleine de promesses car elle arrive à la croisée du direct (expérience en direct), de l’enregistré (diffusion en direct), de la tv et des réseaux sociaux. On peut même parler de « marché des concerts en direct ».
Mais la frontière est poreuse, un artiste peut tout à fait jouer en direct devant ses fans et laisser le concert capté ensuite archivé sur sa chaîne YouTube pour que d’autres personnes puissent le voir en redifféré gratuitement ou non. On est donc sur des nouveaux modes de diffusion.
Certains artistes vont même plus loin avec le métaverse associant concerts et jeux vidéos par exemple comme Fornite, Roblox et Minecraft (ingame). D’autres créent des concerts permettant à chaque fan de choisir l’angle de la caméra tandis que d’autres proposent une approche multi-caméras avec des scènes pensées en amont et une gestion du Tchat avancée (salon dédiée entre personnes qui se connaissent).
Fanracks confirme que le direct fait une énorme différence en streaming surtout s’il y a un tchat de mis en place lors du live. C’est une des forces du streaming. Cela permet au public de choisir la chanson suivante ou/et de pouvoir discuter en direct ou/et de voir comment l’artiste joue de son instrument au plus près.
En tant qu’artiste, je souhaite que tout le monde ait accès à mes concerts et pas seulement aux habitants des grandes villes qui ont une salle de concert près de chez eux (inclusion et équité). On peut se voiler la face et se dire que les salles de concert vont rapidement retrouver leur public après la pandémie COVID mais ce n’est pas le cas partout en France et encore moins aux USA. Toutes les salles de spectacles ont des places libres en ce moment en province, en milieu rural et dans les SMAC. Même des gens qui ont acheté leur billet, ne se présentent pas le jour « j ». Le livestream est une vraie alternative.
Cela pose la question d’un son de qualité. Un aspect ressortant des discussions que j’ai pu avoir avec différents ingénieurs du son, monteurs et mixeurs pour construire mon livestream est la nature même du son que peut délivrer un HF. Certains parlent d’un son « trash », quand d’autres évoquent un son « rough ». Cela traduit l’aspect brut que peut représenter le son issu d’un microphone cravate (utilisé en émission HF comme en filaire) transmettant une certaine forme de spontanéité et de brutalité que ce son direct apporte. Selon moi, c’est un plus, au regard de l’acoustique d’une salle. Le son vit, on entend les transitoires ! A nous de trouver le bon son entre les pistes éclatés et le mixdown final à faire entendre au public.
Pour quel artiste est faite la captation d’un livestream musical ?
Il est à noter que le concert vidéo en ligne sert avant tout aux « artistes émergents » ; bien plus qu’aux artistes majeurs déjà bien installés dans le paysage musical. A une époque où plus de 40.000 titres sortent par jour sur Spotify, il est nécessaire d’utiliser la captation pour essayer de gagner en visibilité en début de carrière.
Certains acteurs du secteur vont même jusqu’à penser que la diffusion en direct de concerts fera partie de la nouvelle normalité après la pandémie comme Jeff Liebenson (President at IAEL).
Avec la généralisation des smartphones en 2016, de l’arrivée du réseau Internet 5G et de la 3D, certains utilisateurs peuvent même avoir le sentiment d’être réellement en concert (technologies VR et AR). Certains artistes créent des avatars préfabriqués en fonction des plateformes numériques en réalité augmentée.
En effet, la connexion à Internet sera bientôt sans latence et hyper stable lors des futurs concerts en ligne dans la plupart des pays à l’avenir.
On est donc au début d’une rencontre entre Artiste et Fans qui va s’installer dans la durée. Il faudra juste que les livestreams s’inscrivent en complémentarité des tournées classiques qui continueront d’exister mais dans le cadre d’événements plus riches (masterclass, résidence, projet culturel, inauguration, parrainage, interview…).
Dorénavant, la captation de concert en ligne est une réelle alternative à la tenue des concerts en présentiel en dehors même de la situation sanitaire. On est notre propre programmateur, et ça c’est plutôt chouette.
La mise en place d’une stratégie de concerts en ligne apparaît comme un projet à part entière qui mérite une réflexion à long terme pour les équipes (label, tourneur, manager, techniciens, Community manager, attaché de presse, artiste…).
Il existe un réel avenir pour le livestream si chaque fan entend « le son » comme si l’artiste n’était en train de jouer que pour lui (fameuse proximité).
Certaines entreprises comme Dice, Bandsintown ou Driift proposent d’ailleurs des services livestreams à notre attention et aux labels avec une facilité pour la monétisation, la capacité à apporter une nouvelle audience, l’accès aux datas, une ergonomie clé en main, une seconde vie pour la captation après coup, possibilité de vendre du Merch en même temps que le live, etc.
Le streaming musical vidéo, du gratuit confiné au payant quotidien
Les expériences live accessibles en ligne se multiplient et transforment le rapport qu’entretiennent les publics à la Culture. Cela génère de nouveaux usages et de nouvelles attentes.
Le prix moyen d’une place en streaming est actuellement de 15 euros même si la fourchette oscille de 10 à 100 euros. Les tickets les plus élevés correspondent à un bonus souvent matériel associé ou à un temps privilégié avec l’artiste après le livestream, ce qui atteste que le public est attaché à une forme de matérialité et au fait d’avoir un souvenir fort du moment vécu.
Il est à noter que la meilleure formule est de fixer un prix plancher et de proposer une partie libre (sorte de don partiel). Sur ce don, une partie peut aider à soutenir une cause de notre choix qui se fera écho de l’événement. Les pourboires (dons) doublent presque les revenus des billets vendus par le livestream. Ce n’est donc pas négligeable.
Festicket parle d’événements au prix de 13 euros pour un très bon spectacle d’une heure dans un cadre soigné avec un temps d’échange avec le public en fin de concert.
Pour la première fois, les diffusions en direct payantes ont eu plus d’impacts que les diffusions gratuites sur la plateforme Dice en 2021. Elles apparaissent plus populaires et plus sérieuses qu’une prestation gratuite aux yeux du public. On peut aussi communiquer sur le fait que la majeure partie de l’argent revient bien à l’artiste, ce qui est une façon de soutenir la création de l’artiste de la part des fans.
Théoriquement, un lieu virtuel comme un livestream signifie aucune limitation de capacité d’accueil du public (jauge physique). Et donc, un nombre illimité de billets à vendre, ce qui peut être une source de revenus considérables pour nous si on rencontre réellement notre public. Mais attention, s’il y a trop de fans, comment conserver cette relation intimiste avec notre public sur le tchat ? De plus, certains livestreams peuvent être géobloqués en raison de concerts proposés en physique dans le cadre d’une tournée dite « traditionnelle ». On touche ici à des zones de marché avec un public potentiel et des clauses de non concurrence. Mais le livestreaming ne touche pas forcément le même public que celui qui serait en capacité de venir en présentiel à un concert.
Il est bon de savoir que l’achat des billets pour un concert en ligne en termes de cycle de vente se fait à hauteur de 30% lors du tout premier jour pour atteindre les 40% au cours des 48 heures avant que ne démarre l’événement.
Les concerts en ligne peuvent aussi soutenir la période de commercialisation de notre album sur les plateformes digitales de musique. Ces achats de dernière minute s’expliquent par le fait qu’il n’y a pas de contraintes de mobilité pour le spectateur et qu’il est souvent « rappelé » à son bon souvenir par ses amis pour le regarder avec eux.
Il faut donc adapter sa stratégie marketing, créer des teasers, faire de la promo médias et du digital sur le début et de la fin de la campagne d’information de l’événement pour que le streaming rencontre son public.
Certaines métriques peuvent d’ailleurs nous permettre de savoir si le livestream a remporté le succès escompté ou non grâce aux indicateurs suivants :
- Nombre de viewers par rapport au nombre de billets vendus,
- Durée moyenne de visionnage par billet acheté,
- Degré de participations sur le Tchat,
- Qualité des commentaires sur les réseaux sociaux pendant et après coup,
- Personnes réellement présentes lors du live.
Remarque : cette analyse devra être faite auprès d’artistes comparables en termes de notoriété et de style musical pour être juste.
Le streaming vidéo musical, une expérience unique qui doit être scénarisée
Aujourd’hui, cela ne suffit plus de se présenter devant son public via une webcam s’il n’y a pas eu une réelle préparation en amont concernant l’originalité de sa proposition artistique. On doit réfléchir à une création unique afin de proposer un moment mémorable dans la tête des fans. C’est à cette condition, que notre public reviendra nous écouter. Réussir à mesurer l’audience atteignable est un des enjeux à venir pour estimer les revenus générés.
Par exemple, il est possible d’imaginer que l’électricité de nos instruments est coupée mettant à nu les morceaux proposés comme pour le « timemachineexperience » de Dionysos (https://www.hypy.tv), avec un retour au son des années 40.
Dorénavant, le concert en ligne doit être unique et complémentaire avec la scène au sens classique de la tournée « de ville en ville ». La narration du concert est donc tout aussi importante que les chansons jouées ou la qualité technique du livestream.
L’idée est de proposer une forme d’intimité comme si on jouait pour un seul fan (j’y étais) car le stream rentre dans les foyers. En même temps, il faut dimensionner les moyens que l’on a avec son budget et sa façon de vouloir se présenter au public. Il n’est pas possible pour nous d’être toujours en streaming comme certains le font sur Twitch ou de dépenser des sommes folles dans un décor qui ne pourra pas être remboursé.
En revanche, cette approche nous permet de récupérer des data pour consolider notre fan-base, voire l’agrandir et mettre en place une stratégie sur de prochaines dates. On sait que le livestream musical permet de toucher de nouvelles audiences souvent plus féminine avec un âge moyen autour des 30 ans. Enfin, les personnes qui apprécient un livestream musical vont en parler autour d’eux positivement générant une promotion « naturelle ».
On peut donc proposer des pauses clipées entre certaines chansons durant notre livestream afin de le séquencer. On s’approche d’une scénographie, d’un récit à penser avec un début et une fin ; sorte de rythme à construire. Ces interludes peuvent être de nature différente : fausse pub (humoristique), didactique (explication d’un secret du morceau), visionnage de séquences pré-enregistrée (clip-vidéo), etc.
Attention, de ne pas continuer le flux après le spectacle. Même s’il peut être disponible une fois pendant encore 24 heures, offrant ainsi une certaine flexibilité aux fans pour assister au spectacle proposé. Tout dépend de l’objectif poursuivi par l’artiste.
L’objectif pourrait être de se constituer une réelle fan-base dans un premier temps et de se préparer à la mise en place d’une billetterie plus importante dans le réseau des salles de spectacle à l’avenir. Cela rassure la Direction de la salle de spectacle en termes de taux d’occupation si l’artiste en question est habitué à se produire en livestream avec une audience fidèle.
L’idéal serait d’avoir un artiste-parrain qui pourrait lancer le streaming ou bien en parler sur ses propres réseaux sociaux afin d’aider à créer son audience. On peut aussi inviter d’autres artistes sur son stream afin de réunir des communautés voisines.
En effet, l’expérience numérique est devenue un format artistique à part entière, et le digital, pour certains, un recours exclusif.
Livestream et planification
Le livestream doit être proposé au cours d’une période clairement définie. Cela permet de proposer un RDV au quotidien à nos fans tout au long de la sortie d’un opus par exemple.
C’est une façon de susciter l’attente et de mettre la « pression » sur la vente des billets de concert. On est un peu dans l’idée d’émissions type la quotidienne ou tout simplement d’une tournée avec une première date et une dernière. Attention à ne pas perdre cette rareté auprès du public. On doit rester sur un moment unique.
La régularité, l’horaire, la proximité, l’authenticité sont des atouts précieux. L’interactivité est très importante via le tchat car il apporte un plus dans notre relation aux fans. C’est quelque chose que la tribu n’aura jamais dans une salle de concert. De plus, cela augmente les partages entre fans qui discutent entre eux sur le Tchat lors du concert ou bien directement de chez eux (expérience partagée).
La plateforme de diffusion de départ est souvent YouTube en lien avec le développement de la chaîne artiste. Peut-être que d’autres plateformes seront possibles dans un second temps comme Instagram ou tout récemment Bandcamp Live. Il est important de faire un livestream d’essai afin de s’assurer que nos fans ont une image et un son de qualité en l’enregistrant et en l’analysant pour être sûr que la prestation soit irréprochable. Il est possible de débrancher le câble Internet pour s’assurer de ne pas être en direct.
Le livestream est aussi une manière pour nous d’être découvert par le public. Certaines applications aident à ce développement artiste comme Dice.fm qui sécurise les paiements et ouvre à l’international. De plus, Dice est capable de proposer à certains passionnés de musique sur Spotify le bon événement et ce public averti, leur fait confiance. Il existe aussi des prestataires locaux de grande qualité qui peuvent venir directement chez nous pour nous former et nous aider à les monter, voire à les organiser quand ils prennent de l’ampleur.
Le livestream permet aussi de faire connaître ses chansons sans être freiné par les consignes sanitaires (jauge, masques, pass, etc.) ou par des plages horaires s’imposant à nous. En même temps, si l’expérience proposée est unique, les fans peuvent venir de la terre entière.
Livestream et audiences
Il est important de savoir qu’il y a 2 types d’audience : les ultra-fans (billets les plus chers) et le second segment (audience nouvelle) qui s’intéresse à notre livestream comme les personnes vivant en milieu reculé (île, montagne, arrière-pays, péniche, hôpital, etc.) ou trop jeunes pour se déplacer (pas de voiture, interdiction des parents…).
Une personne qui regarde notre livestream va encourager 3 autres personnes à le regarder en même temps que lui. C’est donc un outil de communication et de diffusion très puissant pour se faire connaître même si le modèle économique est encore fragile.
On doit passer de la réaction liée au confinement à une proposition pensée et voulue forte artistiquement. Quel est le message que l’artiste veut faire passer ? Il est aussi possible de s’associer avec des marques en proposant un « livestream Takamine » par exemple. Cela peut nous permettre de pouvoir bénéficier d’aide pour la réalisation de notre captation. C’est une source de financement. Certains livestreams peuvent même devenir des films ou/et des documentaires avec une vie derrière via un rachat par Arte Tv par exemple, voire au cinéma. Cela pose donc la question des formats.
Le livestream est aussi une opportunité pour se faire connaître à l’étranger voire en pays francophones. C’est une vraie arme de promotion qui peut permettre d’organiser ensuite une tournée en physique de ville en ville.
Le streaming, on en est le fer de lance
Ce qui est clé, c’est notre volonté de le faire ! Il ne faut pas de complexe à se mettre en avant lors d’un livestream. C’est-à-dire être à l’aise devant une webcam.
Le livestream permet de créer un lien direct entre nous et le fan. Tout part de nous et de notre proposition artistique qui doit être cohérente avec le décor et l’ambiance et le son du Livestream proposé. Il faut donc réfléchir à une intention artistique et de l’énergie.
Afin de suivre la gestion des droits, on peut faire appel à des entreprises comme Micro-climat qui sont des collaborations fécondes.
On pourrait appeler le livestream « SofaLive avec… » avec des moments questions-réponses à la fin de notre concert en ligne par exemple.
Pensez aussi en termes de communication et d’organisation pour réussir à savoir créer le parcours utilisateur de toute pièce tout en pensant aux droits (qui touchent quoi ?) et à l’url d’accès.
C’est donc une entreprise qui demande beaucoup de compétences à la fois dans la connaissance de ses fans, le choix de l’éventuel réalisateur, en terme juridique et en savoir-faire pour la commercialisation du livestream.
Livestream vidéo et storytelling
La base du live porte sur le storytelling : que raconter ? Quelle couche narrative ajouter aux concerts existants ?
Il y a 3 formats streaming hybrides concernant le livestream actuellement :
- Les livestreams porteur de hauts facteurs d’innovation avec de nouvelles plateformes (présence de présentateurs, accès au montage film du festival + ouvrage +3D)
- Espace de création, de différents, show très intimiste ou enregistrement dans les années 20 (lieu atypique, récit structuré)
- Show hybride sur place + ticket livestream dans le cadre de festival avec une accessibilité pour tous.
Cela ouvre une voie, on n’est plus obligé d’avoir l’accord du tourneur ou du programmateur de la salle de concert pour présenter ses chansons. Cela évite aussi le problème d’embouteillage d’artistes lors de certains mois de l’année : septembre, noël et juin.
Certes, ce modèle économique est toujours compliqué actuellement mais l’objectif est déjà de rentrer dans ses frais.
Il est possible de demander des subventions, de faire appel à des marques, de prendre appui sur la vente des billets, penser aux exploitations secondaires et au merchandising qui sont des sources de revenus représentant une part importante. Il est aussi possible de concevoir des produits en édition limitée autour de l’événement pour qu’ils soient exclusifs.
Le streaming musical, la nouvelle expression du spectacle vivant
En conclusion, mettre en place un livestream est compliqué.
Toutefois, même si cette offre de scène musicale en ligne n’a pas encore fait pleinement ses preuves économiques, elle devient de plus en plus présente dans la sphère publique comme dans le privé.
Même certains musées proposent au public des visites en numérique comme à la fondation Louis Vuitton avec le slogan suivant : « Vous ne pouvez pas venir à la Fondation Louis Vuitton ? La Fondation vient à vous !«
Ces concerts en ligne sont de plus en plus vivants de par leur interaction avec le public via le tchat, des systèmes d’applaudissements numériques, des images transmises en direct…
Le livestream vidéo pose aussi la question de la transition numérique dans le secteur du spectacle vivant de manière vive et concrète ; surtout en direction des producteurs de spectacles et des directeurs de salles de spectacles. En effet, on n’est plus dans l’extension d’une expérience vécue par manque de places dans la salle (agrandissement des murs).
La crise a permis de se rendre compte de l’importance de l’audiovisuel dans le secteur de la musique. La captation de concerts a toujours existé mais surtout sur le modèle économique de la VOD.
Ce qui est produit en livestream est une oeuvre. Ce qui pêche actuellement est surtout sa diffusion et sa monétisation : quelle organisation ? uniquement par plateforme ? Cela pose le sujet du réseau de diffusions.
Il faut respecter le droit des auteurs, la rémunération des salariés dont les droits à l’image.
On entre dans une nouvelle période. Il n’y a plus besoin de 3 camions de régies pour capter un concert. Certains livestreams sont réalisés avec des i-phones ! Il est sûr que ces nouvelles pratiques vont se poursuivre après la crise sanitaire. Les gros comme les petits acteurs vont s’y intéresser et de multitudes initiatives verront le jour.
Concernant le cadre juridique, il reste très compliqué car il existe de nombreux modes d’exploitation et des captations faites dans des circonstances différentes. Il faut donc mettre de la norme et rester en veille sur sujet.
Le livestream touche toutes les esthétiques et cette demande a émané au tout début des instrumentistes classiques qui se retrouvaient sans date car les diffuseurs annulaient les concerts en raison de la Covid.
C’est une façon d’exposer nos oeuvres avec de l’image au sens large. C’est pour cela que la découverte musicale se passe principalement sur YouTube.
Il pourrait être utile de créer des webdocs afin d’intéresser les producteurs de spectacles et les bookers telles des cartes de visites. Le clip, l’EPK et les vignettes TikTok sont aussi des types de captations intéressants.
Finalement, le livestreaming permet la diversité et réinterroge la place de chacun. En sachant que de plus en plus d’artistes deviennent aussi producteurs. Et les labels, proposent maintenant des services aux artistes indépendants.
En fait, la question qui se pose est surtout patrimoniale. Une création demande des répétitions, souvent 6 jours de préparation, pour 3 à 30 scènes dans le jazz par exemple. Ainsi, une des fonctions importantes de l’image est de conserver le spectacle pour que tous puissent accéder à l’oeuvre. Capter un concert en image, c’est un actif à faire valoir auprès de son banquier dans son bilan comptable.
Sur cette question, les producteurs de spectacle n’ont pas le « droit voisin » que possède le producteur phonographique et qui est aussi reconnu aux producteurs de l’audiovisuel. Ce droit voisin existe en raison de la matérialité car les cassettes et les CD étaient reproduits (duplication). Mais aujourd’hui, avec la digitalisation des musiques sur les plateformes numériques, il n’y a plus cette matérialité.
Il existe donc autant de problèmes juridiques sur la propriété du contenu artistique, la question des droits d’auteur (SACEM), des droits de diffusion, voire d’interprète principal (ADAMI) que sur la définition même d’une captation.
Cela pose aussi des interrogations entre l’artiste et son label si les diffusions doivent être archivées à propos des droits mécaniques par exemple sur YouTube. Des accords vont devoir être trouvés comme la SACEM l’a fait dès la 15 mars 2020 car les diffusions en direct sont là pour rester en gratuit comme en payant.
Il y a aussi des enjeux liés à l’accessibilité des spectacles comme certains français vivant en Argentine qui aimeraient bien voir tel artiste (5.000 français) ou des citoyens épuisés après leur journée de travail qui souhaitent regarder tel concert car il est streamé. Et cette question de la diversité se pose auprès de tous les publics.
Enfin, pour nous les artistes, cela nous permettra de récupérer nos données (data) et de faire grossir notre fan-base lors de l’envoi de la « newletter » et d’entretenir une relation directe et originale avec notre public.
Le livestream musical sont les concerts de demain, en salle comme sur écran. On est dans une conjugaison des offres de concert. Et souvenez-vous qu’il y a déjà bien longtemps que certains concerts se tenaient dans des cinémas ! Un retour au source ?
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Biographie
Le livestream : enjeux et pratique du live – Centre national de la musique (mise à jour quotidienne par le CNM)
Rapport du MIDEM « livestreaming & virtual live experiences » de 2020 à 2022.
Intervention au MaMA convention « Faut-il réguler le streaming ? », jeudi 14 octobre 2021.
Intervention au MaMA convention « Plateformes de streaming, le vice caché », jeudi 14 octobre 2021.
Sitographie
Hypy Tv, Thelynk, Akius, Explay/In live with, The Wave, Guil’s Records et Dice.